Election à la présidence de l’UMP: victoire « à la Aubry » de Copé, renoncement « à la Séguin » de Fillon

LUNDI APRES-MIDI: En attendant une éventuelle conclusion de la COCOE, sûrement plutôt mardi voire mercredi (et peut-être pas du tout si le blocage est complet), le journaliste Yves-Marie Cann a effectué une totalisation à partir des données de la presse régionale: 171 803 votants, Fillon 50,03% et Copé 49,97%, soit 93 voix d’écart…Cela signifierait aussi une participation correcte (mais sans plus, à mon sens) au-dessus de 60%.

Par rapport à la carte publiée cette nuit, sont venus s’ajouter le Val-de-Marne et la Corse-du-Sud pour Copé, les Ardennes pour Fillon. Je publierai ce soir une carte actualisée et un commentaire rapide des « surprises » et des confirmations. Etant donné les résultats surprenants de Copé en Aquitaine et dans les Charentes, Juppé aurait pu faire basculer les choses. Il est quelque peu ironique de le retrouver aujourd’hui dans une position de médiateur ultime.

Notons simplement à ce stade que
Sarkozy, le FN, l’UDI, Hollande et le PS peuvent se réjouir (idéal pour le retour du sauveur Sarkozy; idéal pour élargir le pseudo-rassemblement bleu marine; idéal pour grappiller des élus et des cadres et densifier le réseau local de l’UDI et pour engranger de futurs électeurs modérés; idéal pour envisager un second tour Hollande-Le Pen; idéal pour minimiser les défaites européennes et locales du PS en 2014 et surtout 2015),
Fillon ne pourra être le candidat en 2017 que s’il y a des primaires ouvertes (ce qui signifie qu’il faut qu’il soit président aujourd’hui… car Copé ne semble pas clair sur ce point, ce qui serait scandaleux pour les adhérents et dangereux pour la droite, tant la légitimité du candidat socialiste a bénéficié des primaires ouvertes de 2011); sinon, il sera bloqué par Copé ou submergé par Sarkozy,
Copé serait lui-même affaibli et devrait se lancer dans un duel d’éclopés avec Sarkozy, finalement plus ouvert que prévu, pour peu que Sarkozy ne soit pas trop embêté par les juges,
– pour 2022, Copé s’est déjà créé de solides et profondes inimitiés (Wauquiez, Pécresse) ou des préventions extrêmement méfiantes (NKM, Le Maire, Apparu, voire Chatel lui-même qui a peut-être été surpris par ses collègues en copéisme… et qui sait qu’il pourra être « débarqué » à tout moment) sur sa capacité à imposer n’importe quoi et n’importe qui et à s’imposer tout court (Bertrand le savait déjà, mais je parle de 2022: lui sera déjà « out »),
– même s’il n’y a pas de résultats pour les mouvements, la Droite forte aura réussi le plus scandaleurs des coups marketing, en débarquant de nulle part et en gagnant uniquement sur un nom propre (Sarkozy), deux noms communs (sarkozysme, sarkozyste) et un adjectif (forte): ma foi, à l’heure d’une société googlisée, 4 mots-clefs, c’est déjà beaucoup ::( ; on appréciera aussi la capacité d’anticipation de Wauquiez, qui a désormais une assurance-vie en cas de défaite de Fillon, avec sa petite chapelle qui sera financée (enfin, si l’UMP n’est pas en redressement judiciaire d’ici 6 mois…); on appréciera l’habileté des Raffarin, Chatel et Daubresse qui auront détourné une partie des modérés vers Copé, tout cela pour continuer d’exister eux-mêmes ou se créer une future base pour l’avenir (Chatel)
– Juppé aurait mieux fait de concourir, il aurait rendu service à tout le monde et aurait très bien pu se retrouver faiseur de rois ou roi lui-même,
– l’idée d’une co-présidence paraît impossible, mais pourtant… elle vient d’être lancée par le président de la fédération du Pas-de-Calais et Juppé lui-même a appelé à être imaginatif (même si lui-même ne ferait le « bouche-trou » que quelques semaines au plus),
les discours cataclysmiques (malgré ma propre « dépression » politique avancée :P) doivent être relativisés, au regard du parcours socialiste entre 1990-94 et 1997 ou entre 2008 et 2010-12 ou au regard du parcours de la droite entre 1995-99 et 2002 ou entre 2004-06 et 2007; en outre, on ne crée pas un parti comme cela: n’oublions jamais les structures existantes (ne serait-ce que tous les locaux et les équipes, à Paris et dans tout le pays; les groupes parlementaires; les fichiers d’adhérents), mais surtout les financements publics… la scission reste toujours la moins probable des éventualités, même si elle n’est pas impossible;
et puis, les médias oublient vite, les Français oublient vite, tout le monde passe à autre chose en 5 minutes (l’état de grâce de Hollande a duré le temps des départs en vacances; Chirac devient populaire le temps d’une nuit en 2007; Hollande redevient presque présidentiel après quelques blagues à ses potes journalistes l’espace d’une fin d’après-midi; Sarkozy manque déjà aux éditeurs et aux patrons de presse; Audrey Pulvar… euh, bon, y faut bien rigoler un peu 😉 je suis un peu sur les nerfs depuis hier…).

Une belle carte un peu plus tard, donc.

NUIT DE LUNDI A MARDI: voilà, ce qui devait arriver arriva.

Tout le monde dit que c’est une lourde défaite pour Fillon. Je trouve plutôt, vu ce que j’écrivais en début d’année 2012, avant même la défaite de Sarkozy (à savoir qu’il n’y aurait aucun suspense et que Copé serait le nouveau chef de l’UMP), que Fillon s’en sort bien.
87388 (50,03%) contre 87290 (49,97%), soit 98 voix d’écart sur 174678 exprimés… il y a 50 personnes et un Juppé qui devraient mal dormir ce soir… 😛
La participation est difficile à calculer, car nous ne connaissons pas le corps électoral. Il est situé entre les 264137 adhérents à jour au 30 juin et les 300257 à jour au 26 octobre, soit, avec 176608 votants, de 58,8% à 66,9% de participation.

Mais il n’empêche que la vie politique est ainsi faite que Fillon est désormais « grillé » pour l’avenir. Sa déclaration à la manière de Séguin, principielle et ombrageuse, très personnelle voire solitaire, va lui faire perdre, progressivement, la plupart de ses soutiens:
– il y aura les fidèles qui quitteront peut-être l’UMP (Chartier ?),
– il y aura les ralliés de fraîche date qui ont suffisamment d’assise locale et de proximité idéologique avec la nouvelle direction pour se ressaisir et poursuivre leur route (Ciotti, Estrosi),
– il y a ceux qui n’avaient plus rien à perdre ou dont la carrière est derrière eux (Ollier, Gaymard),
– il y aura les ralliés tardifs et discrets qui reprendront les choses là où ils les avaient laissées (Bertrand, Apparu),
– il y aura ceux qui ont trop misé et qui subiront la rancoeur personnelle de Copé (Pécresse et Baroin, les deux grands perdants de la soirée avec Fillon lui-même),
– il y aura enfin celui qui va tenter de reprendre le flambeau de l’aile plus modérée de l’UMP, avec son mouvement apparemment deuxième (Wauquiez), même s’il devra éviter que les « neutres » NKM et Le Maire et que l’anguille Bertrand ne tentent de lui disputer ce rôle de chef de l’opposition interne à Copé.

Et puis, nécessité fait loi, tout le monde rentrera dans le rang. Comme je l’écrivais, on ne crée pas aussi facilement que cela un parti (Michel Noir en sait quelque chose…).

Je tiendrai ma promesse à moitié: voici la carte, mais sans les commentaires ! Oh, elle aprle d’elle-même, non ?

Non justement, il y a quelques subtilités sympathiques (et de magnifiques erreurs de ma part, même si beaucoup de départements sont quand même « bons »). Mais cela attendra quelques jours, je préfère dormir un peu et continuer de retenir mes larmes, comme Fillon et Pécresse 😉

Que l’on me permette en effet ce regret personnel de voir de nouveau disparaître quelqu’un d’intègre, de dévoué et de rigoureux de la scène politique: après Barre, Rocard et Juppé, je suis vraiment déçu :(. Voir Tabarot, Morano, Rosso-Debord, Courtial, Hortefeux, Didier, Karoutchi, Daubresse, Gaudin, Riester, Dati, etc. diriger ce parti ne peut, pour le moment que me laisser quelque peu dépité… Vivement que les Wauquiez, Le Maire, Pécresse, Apparu parviennent à redresser tout cela… 😛
Charles, reviens…

Et maintenant, vivement les primaires de 2016… Mais seront-elles ouvertes ?… Copé est un malin… on peut douter, même s’il aura intérêt, alors, à ne pas trop se droitiser et donc à ouvrir les primaires: les Bertrand, NKM, voire Le Maire, Baroin, Wauquiez se neutraliseront ou « émergeront », comme Montebourg et Valls, tandis que Copé affrontera -peut-être- Sarkozy et le vaincra. Après tout, Sarkozy sera le vieux, le perdant et Copé contrôlera l’appareil, les « petits jeunes » et aura retourné les « puissances » économiques et médiatiques de la drotie à son avantage…

P.S.: le congrès de Reims du PS en 2008 justement… avec tous les soutiens de Royal (ou presque) qui l’ont ensuite abandonnée, notamment Valls, Peillon et Rebsamen… et ce vote truqué et contrôlé par les apparatchiki… et cette marge encore plus faible à l’UMP, puisque Aubry avait (soi-disant) obtenu 102 voix de plus que Royal, sur un total de 134800, soit 50,04% contre 49,96%. Copé encore plus étriqué qu’Aubry !

18 réactions sur “Election à la présidence de l’UMP: victoire « à la Aubry » de Copé, renoncement « à la Séguin » de Fillon

  1. Les médias évoquent déja Bush Vs. Gore… 😛 Même si, en fait, l’attitude des deux camps rappelle davantage la Côte d’Ivoire ou Haïti ! 😀

    Qui l’eut cru, en tout cas ! Que cette élection apporte en effet plus de suspense que les Etats-Unis (même la chambre des représentants est déja presque entièrement fixée…).

    J’espère que la COCOE n’aura pas l’indécence d’exclure les voix des bureaux dans les Alpes Maritimes sous prétexte qu’il manque quelques signatures, ce qui n’aurait vraiment aucun sens et donnerait la victoire à Copé de façon arbitraire. Honnêtement, dans une situation pareille, l’option la plus logique serait de refaire l’élection (c’était déja ce que je pensais concernant Reims en 2008… et pourtant Dieu sait si j’était content du résultat officiel… :D).

  2. Eh m********************rde…

    Pendant au moins 5 ans on va être obligés de supporter chaque la bêtise crasse, la démagogie et l’arrogance des tirades de Copé. Victoire ou pas en 2017, je ne désiraispas ça pour rien au monde.

    Je sens que je vais bientôt regretter Sarkozy… 😦

      • Ne sous-estime pas la capacité de nuisance de la parole politique. La droite française est en passe de se transformer en machine à vomir des horreurs et des idioties du même acabit que celles dont les Républicains nous comblent ici.

        • De là à tomber au niveau de la droite du GOP, il y a quand même un peu de marge encore 😉
          J’espère que Copé redeviendra celui qu’il a été en tant que ministre du budget de Villepin, le chiraco-juppéiste du début, et qu’il mettra désormais en sourdine les Morano, Dati, Rosso-Debord,… Mais j’en doute fort.

          • Je suis las de la réalité, je crois que je vais commencer de la politique fiction.
            – Copé dadaïste : Il devient blogueur chez rue89 sous pseudonyme, déguisé en nonne ukrainienne.
            – Dati en échange au GOP : Le nom du père révélé par le certificat de naissance de sa fille.
            – Dati en échange au GOP : Akin remarque son mécanisme naturel pour les lapsus freudiens.
            – Fillon post-politique : Déjeuner philatélie chez les Sarkozy. Au menu la prolifique production de Saint-Pierre-et-Miquelon.
            Et dans les pages charme:
            – Jean-Marie Le Pen et les dessous de Strasbourg : Quand Pim Fortuyn lui mettait en orbite.

          • J’en doute aussi ! mais s’il veut sauver lesmeubles, il sera contraint de se « recentrer ». Sinon, Hollande n’aura pas de souci à se faire.

              • Bon, je vais jeter un oeil, je préfère le lire que l’écouter. Que voulez vous, je peux tranquilement écouter Fillon, Bayrou, ou NKM, et même Rachida Dati, (à vrai dire Frédéric Lefebvre me fait beaucoup rire, dommage qu’il se cache un peu !)mais il y a des gens que je ne supporte pas d’entendre, et ça va de Besancenot à la fille le pen, en passant par Mmes Morano et Rosso-Debord. Enfin, vous devez comme moi connaître la fable de La Fontaine : La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. Une fable qui peut d’ailleurs s’appliquer à tous les partis politiques quand ils dérapent !

                • Jean-François Copé, assure ce mardi aux députés UMP qu’il déploierait toute son « énergie » pour préserver l’unité de l’UMP et qu’il ne « laisserait pas refaire l’UDF » avec l’UDI de Jean-Louis Borloo, selon l’AFP. « Nous avons un danger : c’est le retour à l’horreur que fut le RPR-UDF, c’est-à-dire la fracture qui conduirait à remplir les rangs de Jean-Louis Borloo […] Je ne laisserai pas refaire l’UDF et j’y déploierai, je peux vous le dire, une énergie dont vous n’avez même pas idée. Je n’accepterai pas que l’UMP soit explosée au motif que Jean-Louis Borloo vient débaucher individuellement tel ou tel », lance-t-il, selon des participants à la réunion à huis clos du groupe UMP à l’Assemblée nationale.

                  • la, je comprends mieux. Il est dans son rôle comme président de l’ump, même mal élu. Il est normal qu’il défende son pré carré et son parti. Je pensais qu’il avait attaqué sur des propositions politiques en vous lisant (radicalisation très poussée, guerre déclarée contre l’UDI). Il se place sur un autre terrain, celui des débauchages que l’UDI serait susceptible de faire parce qu’il craint une petite hémoragie.

  3. C’est allé un peu plus vite, avec un écart inversé à peu près au même chiffre. Copé fait un tout petit peu moins que Martine à Reims.

  4. On est parti vers une radicalisation très poussée : guerre déclarée contre l’UDI, motion « France Forte », …

    C’était un des scénarios catastrophes d’il y a quelques mois.

    • je ne suis trop de cette confrérie, mais à vrai dire, pour l’équilibre du pays je préfère nettement une droite humaine et raisonnable qui ne pousse pas dans le populisme et sait se garder de toute compromission avec l’extrême droite, non seulement dans les actes politiques, mais également dans son discours. J’ai des amis de droite, du cnentre et de gauche, et nous de nous étripons pas ! Même si nos discussions peuvent être parfois assez nettes, voire vives, nous essayons d’échanger des arguments réfléchis et rationnels, pas des slogans qui volent au ras de la ceinture ou même parfois plus bas.

  5. Retour sur un décryptage bien hasardeux. A en écouter la plupart des commentateurs, la campagne pour l’élection du président de l’ump aurait montré le dynamisme de celle de Copé qui, partant de loin, aurait réussi à faire mieux que son rival. Cependant, ces commentateurs en avançant leurs chiffres (parti de 30 % Copé termine à 50) font semblant d’oublier ce que toute une partie de la presse soulignait déjà : les sondages étaient faits d’après les propositions des électeurs sympathisants. Copé est secrétaire général de l’ump depuis au moins deux ans. Il a eu le temps de verrouiller l’appareil, et ce sont les militants qui étaient appelés à se prononcer. L’explication qu’on tente de faire entre dans les têtes n’est pas intellectuellement honnête. Ele a d’ailleurs été reprise et ressassée par les lieutenants de Copé qui, eux, connaissent bien mieux la réalité de l’ancrage copéiste dans les fédérations ump.

    • Les copéistes sont en effet très forts auprès des médias.
      Voyez aussi les problèmes à Nice. En réalité, les difficultés sont plus importantes dans le Nord et l’Hérault, et équivalentes en Haute-Garonne et dans les Bouches-du-Rhône… Mais bon, ce sont des départements copéistes 😉
      La prime au culot, au sans-gêne, au mensonge, à la grande gueule, au fait accompli est toujours forte dans nos médias et notre société du paraître et du bagout. Soupir…

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